- Christelle Léonetti
Quand nos émotions nous parlent ... Ont-elles leur place chez le manager ?

Les émotions sont-elles compatibles avec un poste à responsabilité lorsqu’elles nous envahissent ?
Lorsque la charge émotionnelle est trop lourde, que faire ? Emotif, sensible ou hypersensible, comment s’affranchir du sentiment de culpabilité et de vulnérabilité quand on est manager ?
De par son positionnement hiérarchique, le manager représente la force à l’image de son équipe. Bien souvent, montrer ses émotions, qu’elles soient positives ou négatives peut être perçu comme un signe de vulnérabilité.
…Et pourtant, ce n’est pas parce qu’on est manager qu’on n’a pas le droit d’avoir peur. Peur d’échouer, de perdre un marché, de décevoir, de mener à bien une mission difficile, d’une confrontation houleuse avec un collaborateur conflictuel …
La colère peut s’emparer de nous en seulement quelques secondes et avoir des conséquences regrettables parfois, en agissant sous l’impulsivité, mais « c’est plus fort que moi ! » me direz-vous.
Ce n’est pas non plus parce qu’on est manager qu’on n’a pas le droit de se sentir fier à l’idée d’avoir relevé un challenge, atteint ses objectifs ou en félicitant chaleureusement un collaborateur…
Se laisser envahir par une joie excessive ou une immense fierté pourrait démontrer une attitude non professionnelle voire déplacée, ou un manque de maîtrise de soi …
…Et pourtant, les émotions font partie de la nature humaine, notre corps vit et réagi en permanence avec son environnement et génère autant d’émotion qu’il y a d’interactions. Il serait donc illusoire de croire que l’on puisse laisser nos émotions à la porte de l’entreprise.
Elles font bel et bien également partie de la vie de l’entreprise, même si parfois elles sont refoulées, étouffées ou cachées.
Chacun a sa propre façon de vivre ses émotions, ce qui peut l’enfermer ou le libérer d’une situation.
Tout comme moi, ne vous êtes-vous jamais dis ?
« Si on laisse nos peurs nous envahir, alors on ne va pas s’en sortir ! »
« Laissons nos états d’âme de côté, nous ne sommes pas là pour ça ! »
« On n’est pas dans le monde des bisounours »
« Pousser une bonne gueulante remet les pendules à l’heure »
« Pas le temps pour les camaraderies, mettons-nous au travail »
…Et finalement, quels en seraient les impacts si nos regards et nos approches étaient différents ?
Le temps des manager hermétiques émotionnellement est bien révolu ou tout au moins il s’efface peu à peu. Aussi parce que tout un chacun aspire davantage à retrouver de l’humanité et de l’authenticité de la part de son manager. Nos souhaits de partager réciproquement nos doutes, nos craintes et nos joies se manifestent davantage. Inévitablement, le développement de l’intelligence émotionnelle favorise les bonnes relations et diminuent les conflits grâce à l’empathie et à la bienveillance.
Le manager n’est pas un roc indestructible, il a aussi le droit de ressentir, le droit à l’erreur, et peut s’appuyer sur ses émotions et sa sensibilité pour être un bon manager et agir.
…Et oui, nos émotions sont de véritables pépites pour agir si nous apprenons à nous en servir !
D’ailleurs, si nous nous penchons sur l’étymologie du mot « émotion », il provient du latin « emovere » qui veut dire se mouvoir, nous comprenons bien le principe d’action rien qu’à l’évocation du mot émotion. Une émotion est donc une énergie qui nous met en mouvement.
Nos émotions nous parlent, mais que nous disent-elles ? …Et bien elles nous parlent de nos besoins :
« De quoi ai-je besoin quand j’ai peur d’échouer ? »
« De quoi ai-je besoin quand je pique une colère pour me faire entendre ? »
Il est donc important d’écouter ce que nous disent nos émotions, mais aussi celles des autres, pour mettre en place les actions afin de nourrir ses besoins.
La reconnexion à soi permettra ainsi au manager de se sentir pleinement aligné avec lui-même et retrouvera un équilibre émotionnel dans son quotidien.
Gérer ses émotions ne veut pas dire les contrôler mais plutôt les comprendre pour mieux s’adapter à son environnement.
Le saviez-vous ? La majeure partie d’un message émotionnel est non verbale, donc nous avons besoin de notre sensibilité pour décoder les émotions des autres.
Le manager pourra donc s’appuyer sur sa sensibilité, ses émotions et celles des autres pour favoriser la motivation, l’engagement, le sentiment d’appartenance, la reconnaissance … auprès de son équipe.
La gestion des émotions participe pleinement au développement des compétences professionnelles.